Le devoir d'informer, en Côte d'Ivoire aussi

Dans l’imposante masse de messages qui parviennent à RFI pour commenter les événements politiques en Côte d’Ivoire, plusieurs mettent en cause le travail des journalistes de la radio. Ces auditeurs et internautes leur reprochent de prendre parti en diffusant des informations qui, selon eux, n’auraient pas dû l’être. La médiatrice, dans un esprit d’apaisement et de souci pédagogique, tient à rappeler et expliquer quelques principes professionnels, qui peuvent déranger, mais qui fondent le cœur même du métier de journaliste.  

A la suite de l’annonce de la victoire de Allassane Ouattara par le président de la Commission électorale indépendante, jeudi 3 décembre, une auditrice ivoirienne nous écrit : « ne déshonorez pas mon peuple en publiant des résultats frauduleux et mensongers…. ».
Le lendemain, vendredi 4 décembre, le président du Conseil constitutionnel proclame la victoire de Laurent Gbagbo. Un internaute réagit aussitôt : « c’est inacceptable de reproduire l’annonce du Conseil constitutionnel sans expliquer sa partialité ».
Je comprends tout à fait l’état d’esprit des partisans de l’un et l’autre camp. Mais le journaliste, lui, n’obéit pas à ses convictions ou sentiments personnels. Il doit respecter un devoir, son devoir, qui est d’informer. Afin de respecter un droit, l’un des plus importants droits des citoyens – reconnu dans de nombreuses constitutions – qui est d’avoir accès à l’information, toute l’information.  
Le journaliste ne doit pas relayer des rumeurs. Mais il ne doit pas davantage « retenir », ignorer ou falsifier une information. En l’occurrence, s’agissant de la CEI comme du Conseil constitutionnel, il s’agit bien d’une information (vraie ou fausse, c'est un autre débat), fournie par une personne identifiée et connue. Les journalistes de RFI n’ont pas donné de chiffres portés par la rue ou ramassés dans les couloirs d’un quelconque état major. Ils ont diffusé les résultats annoncés par des sources officielles.
Comme pour tout événement, l’information est donnée en plusieurs temps. Les faits, d’abord, afin qu’ils soient connus de tous le plus vite possible. Puis viennent la mise en perspective, le rappel du contexte, et l’analyse.
D’autres internautes reprochent aux journalistes de se faire les relais des prises de position des pays étrangers, France, Etats-Unis, pays européens… qui se mêleraient, à tort, des affaires ivoiriennes. Même remarque que précédemment : RFI, comme les autres médias, n’a pas sollicité Nicolas Sarkozy pour qu’il donne son point de vue sur la Côte d’Ivoire mercredi… Mais, dès lors que la présidence de la République diffusait un communiqué sur le sujet, RFI devait le faire savoir à ses auditeurs.
Ni acteur politique, ni militant, ni intrigant, le journaliste est un passeur de nouvelles. Et ce n’est pas forcément le rôle le plus facile !

10 Comments

Quand on a le devoir d'informer je pense que l'info qu'on a de source officielle on la communique.Ce sentiment de parti pris est une difficile question à résoudre malgré le professionalisme des journalistes.Même si on n'est pas journaliste je pense que forcément dans toute situation on a forcément un parti pris qui influence inconsciement dans le traitement de l'info mais de manière infime.

Je comprends la préoccupation de celui qui signe Nwafo: tout le monde devrait oeuvrer à la paix! Mais la fonction d'un journaliste est de rechercher la vérité des faits. Interroger les protagonistes (TOUS les protagonistes) sur les circonstances de l'arrestation de Laurent Gbagbo fait partie du travail pour approcher la vérité. Il ne s'agit pas d'attiser les haines, mais de rendre compte des points de vue et des témoignages, qui sont parfois bien différents. Les historiens, bien sûr, avec le recul et le temps, auront davantage de moyens pour relater cet épisode avec exactitude.

Je félicite le travail que vous faites pour informer le monde mais je trouve que vous n'apaisez pas les tensions. Vous avez certainement une déontologie mais vous vivez dans un monde et tout ce que nous faisons devrait concourir pour rendre ce monde meilleur. Maintenant qu'en Côte d'Ivoire Gbagbo est arrêté nous devons tous oeuvrer pour que la paix revienne que les plaies se cicatrisent. Que recherche-t-on à interviewer Toussaint Alain aussi fréquemment? Gbagbo a été arrêté que ce soit par la France ou par les ivoiriens je pense que le plus important aujourd'hui pour tout être humain soucieux des souffrances des ivoiriens c'est de panser les plaies et regarder l'avenir. Plus tard vos enquêtes diront ce qui s'est passé mais tout le tapage que vous faites crée d'avantage la haine. On a l'impression que vous auriez souhaité que cette situation dure éternellement.

Par contre quand nous disons que les journalistes de RFI sont partisans, lorsqu'ils annoncent les résultats de la CEI, ils oublient de dire que le Président de la CEI est membre du RHDP et que cette institution est composée à 80% de membres du RHDP mais annoncent que le conseil constitutionnel est à majorité pour ne pas dire entièrement LMP. Ces propos venant d'un journaliste sont tendancieux et partiaux. Pour être impartial, lorsqu'on parle de la composition du Conseil constitutionnel, il faut parler de celle de la CEI. Malheureusement, dans tous les traitements que vous faites de l'information en Côte d'Ivoire actuellement c'est ce que nous constatons. C'est pour cette raison que les internautes critiquent les journalistes de RFI et les exemples de ce genre sont légion. Au moins un exemple par information donnée sur la crise ivoirienne.

J'écoute RFI depuis 1999 je constate que vous avez depuis belle lurette pris fait et cause pour un camp mettant en doute votre impartialité dans le choix des sujets à traiter. RFI a par exemple évité de nommer les forces nouvelles quand il s'agissait d'exactions commises par ceux-ci. Exactions ayant entrainé les pro-Gbagbo au Libéria et s'est contenté d'interroger la Croix Roug. Silence radio sur le mensonge de l'Onuci sur la violation de l'embargo alors que cela avait été annoncé à grande pompe dans vos journaux, je ne l'ai appris que sur votre site. Dommage. Toutefois, j'aimerais féiciter Norbert Navarro pour son grand professionalisme (...).

Notre internaute anonyme, qui "ne fait pas confiance aux journalistes occidentaux" émet un point de vue que nous devons entendre. Mais il se trompe à propos de la diffusion des médicaments qui est victime de l'embargo (il ne s'agit pas d'un embargo spécifique aux médicaments) : RFI n'a rien ignoré de cette situation préoccupante. Dernier article le 28 février :
http://www.rfi.fr/afrique/20110228-cote-ivoire-approvisionnement-medicaments-victime-embargo
La médiatrice

Moi je ne fais pas confiance aux journalistes surtout ceux de l'occident concernant les informations de l'Afrique. Pour eux ils ont le droit de dire aux occidentaux toute la vérité en ce qui concerne les pays occidentaux car la population occidentale a la possibilité et la facilité de vérifier leurs dires. Mais en ce qui concerne les informations sur l'Afrique et ce qui s'y passe, ils peuvent se permettre de dire ce qui arrange les affaires de leurs gouvernements de toutes les façons il ya combien d'occidentaux qui savent ou se trouve la Sierra Léone? Alors qu'en Afrique les sénégalais savent où se trouve la France, l'Angleterre ou les Etats Unis d'Amérique!. Savez-vous par exmple qu'un embargo a été imposé à la Côte d'Ivoire sur les MEDICAMENTS! et cela n'apparaît dans aucune presse. A t-on tous les droits même au péril de la population parce qu'on veut faire partir un dirigeant? Si la presse occidentale et même les institutions internationnales (OMS qui ne bouge pas le petit doigt) étaient si impartiales que cela, que fait-elle. Ou sont tous ces soit disant spécialistes de la question des droits de l'homme, que font-ils? Y en a pas un qui puisse dénoncer. Tous ces journalistes de la presse occidentale qui sont dans ce pays sont-ils si insensibles que cela? Ainsi aujourd'hui, les journalistes rivalisent de mensonges et de désinformations. A croire que c'est ce qu'on leur apprend dans les écoles! Journaliste passeurs d'informations? Non! journalistes faiseurs et fabriquants d'informations? Oui!

A plus d'un mois de crise, j'estime que les médias devraient maintenant arrêter le sensationnalisme et commencer à nous donner les informations de fond sur chaque camp. Surtout les CV et biographies. Dis-moi qui sont tes amis, je te dirais qui tu es.

Le journaliste est un passeur de nouvelles... J'aime votre phrase,qui est vraie. Le journaliste relate tel que les choses se passent,dans la plus grande neutralité je l'espère.
Votre travail n'est pas facile, rempli de stress et d'imprévus...
Je vous souhaite de belles surprises de temps à autres!
et vous appuie tous.

Alassane doit coopérer avec Gbagbo si Alassane veut l'intérêt de son peuple. C'est la solution de résoudre la crise. Parce que les ivoiriens savient que c'est Alassane qui a détruit le pays

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