L'excision pratique tribale: comment lutter?

                    Dimanche, 19 octobre 2008, Afrique Matin, 5heures 30. Parlant de l’excision, l’un des présentateurs du journal la qualifie de « pratique tribale dont personne aujourd’hui ne peut dire pourquoi elle existe ». Sans mettre en cause cette expression, Assion Emmanuel Noutevi, juriste socio-anthropologue, et auditeur du Benin, réagit « non pas pour donner carte blanche à l'excision, mais pour appeler à des méthodes plus sûres pour mettre fin à cette pratique abjecte, mais faisant partie d'un ensemble qu'on a choisi d'ignorer, alors qu'il faudrait guérir le mal à la racine. »

 

                    Voici donc cette réaction-réflexion de notre auditeur:

                    « Cette qualification (pratique tribale) est la cause de l’échec de toutes les politiques sur le sujet et l’excision, malheureusement continuera bon gré mal gré au sein des coutumes qui la pratiquent.

                    Je me permets donc de vous écrire pour apporter une clarification, et proposer une démarche dans la résolution de cet épineux problème.

1. Clarification

                    L’excision étant une pratique tribale, c’est au sein des tribus où elle a cours qu'il faut en chercher l’explication. Mais, il ne serait pas étonnant qu’aujourd’hui, personne dans ces tribus n’en fournisse une quelconque explication, ceci pour des raisons évidentes que je me permets de taire.
Loin de toute polémique, je voudrais tout simplement faire observer que l’excision fait partie d’une nécessité d’éducation aujourd’hui mise à mal. En fait, l’Afrique avec le contact d’autres civilisations, a développé et continue de développer une forme de socialisation subdivisée en éducation traditionnelle et en éducation moderne.

                    Il y avait et il continue d’y avoir des écoles traditionnelles aux côtés des écoles de « blancs » avec ses concepts, ses méthodes, ses pratiques et surtout leurs influences sur leur milieu. »

                   Tant que nous feindrons d’ignorer cette réalité, aucune lutte, aucune sensibilisation ne peut avoir d’effet sur des pratiques dites « abjectes » mais ayant un sens pour ceux qui les pratiquent. Pour faire accepter à certaines populations d’abandonner l’excision, de dormir sous moustiquaire, d’aller se soulager dans les toilettes publiques, etc., il y a mieux à faire que l’Information, l’Éducation et la Communication (IEC) telles que pratiquées aujourd’hui. Il y a mieux à faire que les avilissantes méthodes comme celle d’« argent contre couteau » mises en scène dans la lutte contre l’excision.

2. Mettre en branle de nouvelles approches

                    La lutte contre l’excision, le paludisme, la pauvreté… en Afrique, doit s’inscrire dans une remise en cause des idées reçues, des pratiques et des méthodes utilisées.

                    Pour ce qui est de l’excision, les pistes suivantes peuvent être explorées :

• Aller à l’école de l’excision -car elle existe- non pas pour la combattre mais pour mieux la connaitre et l’amener à une métamorphose transcendantale ;

• Utiliser de réels agents communautaires qui savent parler quand, où et comment;

• Éviter des médiatisations propagandistes qui ne font que déplacer le problème et fait développer des résistances et des formes de pratiques plus difficiles à combattre.



 

1 Comments

Pratique égoïste, abjecte!