Le traitement de la guerre au Mali par RFI.

Globalement, internautes et auditeurs sont plutôt favorables à l’intervention de soutien de l’armée française au Mali. Remerciements à la France et à son président, applaudissements aux militaires français engagés sur le terrain, félicitations à Radio France Internationale pour son traitement de l’information. Toutefois, cet appui marqué, et remarqué, n’est certainement pas un blanc-seing à la rédaction, et les journalistes de Rfi sont également interpellés sur l’approximation de certaines appellations et sur l’opportunité de diffuser certaines informations. Débat.

Beaucoup de réactions concernent l’utilisation du terme « islamiste » par les journalistes. Pour Seydou, qui dit « avoir passé toute sa (ma) carrière professionnelle en terre d’islam, il y a « les musulmans » dont une toute petite partie seulement, bien bruyante et éventuellement violente, peut être qualifiée d’islamiste ». Moustapha, à Dakar, souhaiterait que l’on dise « la guerre contre les barbares, ou les terroristes, et non la guerre contre les islamistes ». Amin ajoute : « la France a attaqué des terroristes, et non l’islam. Qu’Allah nous débarrasse de ces ignorants ». De fait, le journaliste qui présente les journaux ou celui qui effectue un reportage est régulièrement entraîné sur ce terrain glissant de l’abus de langage car les combattants eux-mêmes se nomment « islamistes ». Aqmi, MLNA, Ansar Dine, Mujao et maintenant MIA se définissent clairement comme des combattants de Dieu, et en particulier le Dieu de l’islam. Faut-il pour autant leur en faire crédit, dans la mesure où, comme le rappelle Seydou, ils ne sont qu’une petite minorité ? Et dans le cas contraire, quel terme employer : barbare ? Certes, certaines de leurs actions le sont, mais n’est-ce pas excessif et réducteur? Terroristes, résistant ? Cela dépend évidemment du camp dans lequel on se place. Reste le terme de « rebelle », issu du latin bellum (guerre), « qui est en révolte ouverte contre le gouvernement ou une autorité constituée » nous dit le dictionnaire Larousse. Un terme clair et explicite qui n’exempt pas les combattants concernés d’être parfois des terroristes (lorsqu’ils commettent des attentats ou des prises d’otage), ni n’agir avec barbarisme (lorsqu’ils torturent ou procèdent à des décapitations ou des démembrements). D’autres auditeurs internautes regrettent que leur radio préférée « fassent passer les messages des bandits armés du nord-Mali » dit sans ambages Ibrahima de Bamako qui ajoute pourtant qu’il accorde « une importance capitale à la liberté d’expression ». « Je ne veux pas que mon enfant sache ce que veut dire islamiste (on y revient) ou Aqmi. De grâce, ne leur faites pas de publicité ! » se plaint Fofana, de Kayes (Mali). Si RFI et les autres medias ne diffusaient pas leurs messages, ils seraient déstabilisés » ajoute Neville, de Kinshasa. « Le peuple du Mali écoute particulièrement RFI pour s’informer » dit encore ce leader anonyme d’un mouvement associatif, « mais nous avons des brûlures au cœur à chaque fois que vous prononcez le mot MLNA dans le journal ». Ce n’est pas l’avis de Thierry, de Côte d’Ivoire, qui dit « merci à RFI pour les informations précises et détaillées qu’elle donne à ses auditeurs ». Salem, de Moundou (Tchad) ajoute « on est bien informés sur ces sinistres personnes (les mouvements rebelles) et leurs lugubres activités de terrorisme, pour éviter de se laisser surprendre et pour que nos enfants soient bien éduqués contre ». La question qui est implicitement posée dans ce débat ouvert est : faut-il parler de ces mouvements et de cette guerre dont on voudrait qu’elle n’existât pas ? Assurément oui, car c’est la connaissance qui permet à chacun de se forger une opinion et le journaliste est tout autant fondé à décrire les mouvements rebelles que les forces loyalistes. Ne pas savoir peut être un temps confortable pour l’esprit, mais c’est justement sur cette ignorance des peuples que comptent les « rebelles » pour prospérer.

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