28 sept. 2012 - 17:12
Comment choisissez-vous vos invités ?
FR : deux options s’offrent à moi : soit il y a une actualité chaude, un évènement qui vient de se produire ou qui est sur le point d’arriver dans les heures qui viennent, et je fais appel à quelqu’un qui est impliqué dans l’évènement en question. En matière de politique, ce peut être un ministre, un parlementaire. En matière d’économie ce peut être un chef d’entreprise ou un syndicaliste. Et parmi ces acteurs je choisis plutôt un opposant, quelqu’un qui est contre, ou quelqu’un qui a une opinion à défendre. C’est globalement plus intéressant pour l’émission, ça la rend plus dynamique. Mais effectivement, si le sujet est très polémique, je veille à faire intervenir des partisans de chaque courant d’idée.
Et lorsqu’il n’y a pas d’actualité brûlante ?
FR : C’est l’autre option : dans ce cas là, je recherche une personnalité qui a de l’étoffe et qui peut s’exprimer sur de nombreux sujets : politique étrangère, éducation, sécurité, etc. L’entretien sera d’une autre nature : on sera dans la mise en perspective des grands évènements en cours, et non dans l’explication d’opinions favorables ou défavorables.
Vous accueillez beaucoup d’invités liés à la politique française.
FR : C’est normal, nous sommes un média français et nous nous adressons, en français, à des auditeurs qui s’intéressent à la France (pour diverses raisons). Et qui aiment, ils me le disent par courriels, la politique française. Certains internautes vous reprochent de recevoir trop fréquemment des invités d’extrême droite.
Vous n’équilibrez pas la parole politique de votre émission ?
FR : En période électorale, le comptage du temps de parole est strictement observé par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel). C’est très contraignant. En dehors de cela, je n’ai pas à tenir un livre de compte au jour le jour. Je veille donc à être équilibré sur la longueur (sur le mois en général car sur une semaine, ce peut-être un peu court parfois) et tout découle de l’actualité. Il est clair qu’avant, pendant ou après une université du Parti Socialiste ou du Front National, j’aurai plus d’invités socialistes ou frontistes, et il est bien dans ma responsabilité d’interroger les uns et les autres sur leurs intentions, leurs programmes. Depuis la rentrée de septembre, j’ai reçu cinq personnalités UMP, quatre socialistes ou apparentés, deux écologistes, deux communistes, deux centristes, un divers droite et quatre personnalités étrangères.
On parle également, parfois, de connivence entre l’interviewer et son invité. Qu’en pensez-vous ?
FR : je pense que l’objectivité est une chimère et choisir tel invité plutôt que tel autre, sur tel sujet, est déjà un parti pris. Et le journaliste reste un citoyen comme les autres, avec ses opinions personnelles qui influencent nécessairement son propos. Mais, de même que je préfère les invités qui ont des choses à dire, qui s’opposent, qui polémiquent, je pense que le journaliste qui interroge ne peut pas être dans la retenue car son objectif (c’est en tout cas le mien) est de mettre toute la lumière possible sur ce qui est dans l’ombre. C’est ce qui m’a permis de faire dire un fameux lapsus à Gérard LONGUET, ancien ministre et homme politique UMP : « nous, au FN ». Une réminiscence sans doute de son compagnonnage de jeunesse avec l’extrême droite.
1 Comments
Merci a l’équipe de RFI pour ce cours de journalisme.
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