Journaliste en Afrique : toujours difficile

Alors qu’en Ouganda, la justice renonce à poursuivre un journaliste, pratiquer ce métier reste toujours difficile sur le continent africain : notre correspondant en swahili au Burundi vient de boucler sa première année en prison, dans l’attente de son jugement en appel.

Il avait été arrêté en mai dernier pour incitation à la violence après une altercation avec les forces de sécurité qui l’avaient empêché de prendre des photos et expulsé d’une cérémonie à laquelle participait Janet MUSEVENI. Le journaliste du Daily Monitor, Perez RUMANZI, risquait trois ans de prison. Mais le procureur a finalement décidé de renoncer aux poursuites judiciaires.

On aimerait que la justice du Burundi fasse de même avec Hassan RUVAKUKI, emprisonné depuis un an déjà et condamné en première instance à la prison à perpétuité pour terrorisme. Or, notre correspondant en swahili n’a fait que son travail : se rendre sur le terrain, voir, entendre et rendre compte. Qu’importe si son reportage traitait d’un nouveau groupe rebelle burundais armé, basé en Tanzanie. Cela, il l’a dit à nouveau début novembre lors de son procès en appel, procès au cours duquel il a reçu le soutien de nombreuses personnalités et organisations internationales, ainsi que de la direction de Radio France Internationale représentée par l’un de ses rédacteurs en chef Jean-karim FALL. Verdict attendu le 8 janvier 2013.

Cela nous rappelle le long combat que Rfi a mené aux côtés de son correspondant au Niger en 2007 et 2008 : Moussa KAKA avait passé 384 jours en prison pour avoir eu une conversation téléphonique avec l’un des chefs de la rébellion touareg, dans le cadre de son métier, avant d’être finalement relâché. D’autres journalistes sont détenus ailleurs en Afrique, notamment en République Démocratique du Congo, pour des faits similaires, ou en tout cas très proches : Pierre Sosthène KAMBIDI, Fortunat KASONGO et John MPOYI sont soupçonnés d’avoir été en contact avec John TSHIBANGU, un officier de l’armée congolaise accusé de rébellion.

Certes, le continent africain n’est pas la région du monde où il est le plus difficile de pratiquer son métier de journaliste : le Moyen-Orient et certaines régions d’Asie ou d’Amérique Latine sont loin devant. Il y a peu de journalistes tués en Afrique, mais en revanche, beaucoup de confrères sont soit arrêtés, soit menacés, agressés ou intimidés. C’est la raison pour lequel il nous faut saluer ici l’initiative de l’organisation « Reporters sans frontières » qui lance un site contre la censure  www.wefightcensorship.org  dont l’objectif est de publier un maximum de reportages ayant été censurés, interdits ou ayant valu des représailles à leurs auteurs. Déjà pointés du doigt : le Maroc et le Tchad.

3 Comments

Les journalistes en Afrique; ou du moins les journalistes africains, sont pour ma part plus à blâmer qu'à plaindre. La perfection n'est certes pas de ce monde, mais il faut autant que possible chercher une compétence honorable dans le métier qu'on a choisi, si tel est qu'on l'a choisi. Je suis en train de lire un ouvrage passionnant: "Opération Obama" d'Eric Mendi; et je suis estomaqué de voir à quel point les journalistes peuvent se faire fourvoyer et fourvoyer ainsi le peuple... Ceci n'a certainement pas de rapport avec le sort de ce pauvre journaliste pour lequel je compatis d'ailleurs. Que les journalistes africains apprennent à se faire aimer.
jpp

Ne vous appuyez pas sur queques exemples pour généraliser le problème. Je ne suis pas d'accord avec vous!

Monsieur le médiateur, toutes vos réflexions, depuis votre arrivée, il y a six mois, tournent autour de la libre activité du journaliste, garante de la bonne information du citoyen. Bravo. Mais ne pensez-vous pas que si cette libre activité est bien une condition nécessaire à l’obtention de cette bonne information, elle n’est pas forcément suffisante ?.. Au delà des problèmes de sécurité qui entravent l’action du journaliste et que vous faites bien de rappeler, je voudrais revenir, non sur la déontologie qu’il doit essayer de respecter, mais sur son propre effort d’information. Le journaliste affecté à une région ne doit-il pas s’être informé, de lui même, sur le passé politique, économique ou environnemental, des pays de la zone en question ? Ayant travaillé de nombreuses années, dans le développement rural, dans plusieurs pays ( Côte d’Ivoire, Haïti, Tchad, Madagascar ) j’ai souvent constaté, au travers de reportages de rfi ou d’autres médias télévision d’ailleurs, de nombreuses erreurs graves qui faussent le contenu du reportage en question. Je peux vous donner des exemples si vous le souhaitez. En matière d’écologie notamment, les journalistes font une confiance bien mal placée aux ONG environnementalistes qui ont parfois des objectifs particuliers inavoués.. Beaucoup de ces « erreurs » pourraient être facilement rectifiées si les véritables scientifiques du sujet en question ( ils existent ! ) avaient été interrogés.. Il en est de même en matière d’économie, de politique, d’agriculture etc.. Ne serait-il pas plus « intéressant », sur le plan journalistique, de donner la parole à ces ONG plutôt qu’aux spécialistes des sujets en question ?
PSB France Normandie

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