Ce que les journalistes chinois nous apprennent…

Le 3 janvier dernier, un éditorial du Nanfang Zhoumo, hebdomadaire de Canton (Chine), est victime de la censure officielle. Des manifestations sans précédents ont lieu dans les jours qui suivent, à Canton mais aussi Pékin et Shanghai. Le mouvement reste pacifique et ouvert à toutes les opinions, y compris contraires et ce, malgré des contre-manifestations maoïstes de provocation. Un seul mot d’ordre : défendre la liberté de la presse.

La fronde des journalistes cantonnais a essentiellement pour but de secouer le joug de la censure. Cette pratique, héritée de l’histoire politique particulière du communisme chinois, perdure alors même qu’elle ne figure pas expressément dans la constitution chinoise. C’est d’ailleurs tout le paradoxe de cette affaire : l’éditorial censuré demandait ni plus ni moins que la constitution joue un plus grand rôle dans la vie des citoyens. Mais le parti communiste y a vu un grand danger, car cela revenait à demander que la mainmise qu’il exerce sur le gouvernement et sur l’administration se desserre. Cette fronde se double d’une revendication à enquêter pour les journalistes, et donc à s’informer pour les citoyens. Car ce qui sous-tend cette action, c’est que le citoyen est désormais capable, par lui-même, d’avoir des opinions sur à peu près tous les sujets, y compris ceux qui fâchent. Il n’a plus besoin d’un « tuteur » même si celui-ci se veut bienveillant (ce qui reste à prouver). Il est vrai que la région de Canton occupe une place particulière en Chine : proche de Hong-Kong, ses habitants bénéficient d’un accès aux medias occidentaux présents dans l’ancienne possession britannique, ce qui a peu a peu, insufflé un esprit critique sans doute plus acéré ici qu’ailleurs. Ce qu’un des journalistes protestataire confirmae en parlant des « graines de valeurs universelles » héritées de l’ex-colonie voisine et semée par la presse de Canton. Nul ne sait ce qu’il adviendra de ce mouvement dans les semaines qui viennent. Néanmoins, il nous montre que la soif d’information est d’autant plus grande que le pays est en forte croissance économique. Car cette liberté de la presse est considérée comme une liberté fondamentale de tout citoyen.

1 Comments

Bonjour, «Il n’a plus besoin d’un « tuteur » même si celui-ci se veut bienveillant (ce qui reste à prouver)» Rebondissons sur ce point pour le transposer au journalisme en général et à son évolution en particulier… dans nos contrées. Prise séparément, décortiquée individuellement, l'entité informative peut être décortiquée par le citoyen lambda. Mais face à la multiplicité, l'abondance jusqu'à l'écœurement, celui-ci redevient ignare, noyé qu'il est dans la sur-information synonyme de désinformation ! C'est là où le journalisme contemporain doit rebondir : observer, synthétiser, analyser, critiquer au-delà des simples collationner et restituer.

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