L'Humanité communiste

                    Une auditrice de la région parisienne attire l’attention des différents rédacteurs de la revue de la presse française sur la qualification parfois donnée aux journaux cités.

                    « Je vous écris car je suis désagréablement surprise lors de mon écoute quotidienne de la revue de presse de la tranche d'informations du matin, après le journal de 7h30. Un seul quotidien est quasi systématiquement qualifié par un adjectif. Il s'agit de L'Humanité qui est présenté comme "le quotidien communiste" - ce qui est vrai - par les journalistes de la station (à part Emmanuelle Klotz, d'après ce que j'ai pu relever [mais j'écoute la revue de presse dans ma salle de bain, je ne prends pas de notes]).

                    "Mais pourquoi n'y a-t-il pas d'adjectifs pour caractériser les autres journaux cités ? Pourquoi est-ce que La Croix n'est pas qualifié de journal catholique, par exemple ? On pourrait aller plus loin et demander à ce que Le Figaro soit présenté comme étant le journal de Serge Dassault (1ère qualification), marchand d'armes (2ème qualification), dépendant pour l'essentiel des achats de l'Etat français (3ème qualification) ? Ou pour être plus complet, on pourrait dire que L'Humanité a été recapitalisé par Lagardère notamment.

                    "Pourquoi ne pas présenter Libération comme un journal dirigé par Laurent Joffrin, auteur d'un livre d'entretien avec Bertrand Delanoë, où celui-ci se présente comme socialiste et libéral ? Et Ouest-France n'est-il pas un journal de la démocratie chrétienne ?

                    "Bref, je trouve ce procédé répété gênant. Et à chaque fois qu'est cité L'Humanité, je sais que la fois suivante, il va être désigné par ces mots : "le quotidien communiste". J'attends ces mots, mon attente est rarement déçue. Et je suis très souvent énervée. Dans l'attente de votre réponse, cordialement. »

                    Vérifications menées, c’est la revue de presse du matin du 2 juillet qui a fourni l’élément déclenchant le courriel de notre auditrice. Son auteur Sébastien Nemeth ne nie pas la chose, mais fait valoir que c’est sa première semaine de revue de presse, qu’il n’est pas encore assez rompu à l’exercice pour avoir qualifié L'Humanité si souvent, et qu’il a par ailleurs aussi accolé à La Croix le terme de "quotidien catholique".

                    D’ailleurs dans la revue de presse du 3 juillet, avant même réception de ce courriel, il citait à la fois l’Humanité et la Croix, sans autre qualificatif. Il n’y aurait donc à chercher aucune arrière-pensée dans cette pratique.

                    Ne voyons en effet pas le mal partout, mais acceptons l’interpellation.

                    Il y a la forme: souvent, la périphrase est utilisée par un (ou une) journaliste pour éviter la répétition: La Croix, « le quotidien catholique », le « quotidien de la rue Bayard » (attention, il déménage bientôt). Et pour L’Humanité, "le quotidien communiste" , « le journal de Saint Denis » (attention, il vient de déménager). Le qualificatif est en effet plus facile (tellement facile qu’il ne faudrait pas en abuser) pour ces deux journaux clairement « typés ».

                    Et il y a le fond:  c’est vrai qu’il serait anormal de (sans cesse) qualifier politiquement un seul journal, (en laissant ainsi implicitement supposer que les autres n'auraient pas de ligne éditoriale plus ou moins partisane). Ceci d'autant plus que s'il ne cache pas son orientation, L'Humanité n'est plus l'organe officiel du parti. Au demeurant, il n’y a pas de honte, dans une démocratie pluraliste, à être communiste. Et c’est (peut-être) finalement un hommage d’associer une ligne claire à un journal d’opinion.

                    Quant aux qualifications ou éléments d’appréciation sur le positionnement idéologique des divers autres titres cités, ils font l’objet de décryptages réguliers dans d’autres émissions sur les médias. Ce ne peut être mentionné dans chacune des revues de presse, à chaque fois. Comme notre auditrice d‘ailleurs, les fidèles de cette revue quotidienne connaissent parfaitement l’éventail des médias français.

Loïc Hervouet, médiateur