« Le journalisme est devenu un métier comme un autre, c’est beaucoup moins qu’avant un engagement. Dans les années 70, beaucoup de journalistes que j’ai connus vivaient leur pratique comme une forme d’engagement citoyen. Aujourd’hui, beaucoup sont journalistes comme ils exerceraient n’importe quel autre métier. De ce point de vue, la télévision a certainement joué un rôle déterminant, car elle nécessite une certaine forme de savoir-faire technique, notamment en matière de présentation de soi. Une redistribution complète des qualités s’est opérée. Mais il reste une différence énorme entre un journaliste de plateau qui se contente d’attiser le conflit entre deux invités pour produire du spectacle, et un autre qui a lu des livres, et se pose la question de savoir comment restituer de manière profonde et ouverte un vrai contenu intellectuel. »
Pierre Rosanvallon, historien, professeur au Collège de France, président de « La République des idées », interview à Mediapart.fr