« Le progrès technique facilite les dérapages, mais ceux-ci sont en réalité provoqués par une mauvaise maîtrise de la concurrence. Pour tout événement qui mérite vérification, recoupement, complément d’enquête, analyse ou réflexion, c’est à dire pour beaucoup des faits qui composent l’actualité, rien n’empêche de prendre le temps nécessaire, de ralentir le processus de diffusion ou de fabrication. Rien, sauf la concurrence, la peur de voir l’autre publier ou diffuser plus vite. L’exactitude, la clarté, la pertinence, ne sont certes pas absentes des préoccupations éditoriales, mais il est beaucoup plus fréquent de voir une rédaction se désoler d’avoir été grillée par sa rivale, que s’affliger d’une inexactitude, d’une approximation, d’une conclusion hâtive. Mieux vaut l’à-peu-près que le trop tard ! »
Albert du Roy, journaliste, in La mort de l’information, Stock, 2007