Ce mercredi matin, en effet, Ghislaine Dupont explique dans son article que “le président congolais souhaitait se rendre à Saké pour s’adresser aux troupes et à la population mais des tirs de mortiers ont obligé son convoi à rebrousser chemin. Plusieurs sources indiquent que trois de ses militaires auraient été tués mais on ne sait pas si ces soldats se trouvaient déjà à Saké ou faisaient partie de son convoi. »

          Dans Afrique Midi, quelques heures plus tard, Sarah Tisseyre édite la brève ci-desous :
« Il y a eu des affrontements hier entre l'armée et les rebelles de Laurent Nkunda dans plusieurs zones du Nord Kivu : près de Minova et autour de Saké, un verrou stratégique à une vingtaine de km de Goma... Les soldats des FARDC ont reçu du renfort à Saké...
Hier, des sources sûres indiquaient que le Président Kabila devait se rendre dans cette localité et que son convoi avait du rebrousser chemin à cause des combats... Ce matin, le gouverneur de Goma dément ces informations... Julien Paluku affirme que Joseph Kabila n'a pas quitté Goma, et qu'il y a tenu des audiences toute la journée. »

Voilà pour ce qui est passé à l’antenne de RFI

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Expliquons :

                    Ce n’est pas Sarah Tisseyre qui dément Ghislaine Dupont, car il faut savoir que le texte lu à l’antenne d’Afrique-Midi par Sarah a été écrit par Ghislaine elle-même, ce qui est une pratique journalistique tout à fait normale.

                    Ghislaine Dupont a ses sources directes au Congo, obtient une information. Elle la vérifie, la recoupe, puis la diffuse. Quelques heures plus tard, le gouverneur de Goma l’appelle pour affirmer que le président n’a pas quitté Goma, et dément l’attaque. Comme il est de règle, Ghislaine dit qu’elle publiera le démenti, et c’est ce qu’a fait Sarah, tout en maintenant l’appréciation sur la fiabilité des sources de Ghislaine.

                    Donner toutes les versions, quand on le peut, est un bon principe journalistique.

                    Il convient par contre de toujours bien faire la différence, dans l’information écoutée, entre ce que RFI affirme (et donc pense être vrai, parce que vérifié par les journalistes) et ce que RFI répercute, dans un souci de garantie du pluralisme des sources. L’un n’est pas équivalent à l’autre.

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Commentons :

                    C’est en effet une assertion fréquemment utilisée, à Kinshasa, que de dire que RFI « roule » pour Nkunda, afin de discréditer certaines informations qui déplaisent. C’est de bonne guerre, si l’on veut. Cela présente le seul inconvénient d’être faux. RFI ne roule pour personne (j’ai d’ailleurs eu de la même façon à calmer les rancoeurs de partisans de Nkunda) et ne roulera pour personne. Certaines informations, il est vrai, servent ou desservent telle ou telle cause, à tel ou tel moment. Notre règle est de ne pas choisir, et de ne pas faire un tri partisan. On peut faire des erreurs, des approximations tant la situation est difficile, la vérification malaisée ; dès lors on doit les rectifier et en tirer les leçons. Seule la bonne foi ne doit jamais être prise en défaut.

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Epiloguons :

                    Ghislaine Dupont dispose en effet de plusieurs sources de divers canaux en RDC, « dont une d’importance très haute », souligne-t-elle, mais naturellement sans la révéler, puisque c’est la règle constante du journalisme de protéger ses sources (une loi vient même d’être élaborée en France pour renforcer ce principe).

                    En l’occurrence, il semble bien que personne ne souhaitait qu’une telle information ne filtre. « L’arrivée de Kabila le matin à Goma n’était même pas connue dans l’après-midi par les confrères de Radio-Okapi… »

                    Quand une source est publique, il n’y a pas d’inconvénient à la publier. La Monuc tient un point de presse hebdomadaire. Son service de communication a désormais décider de publier le verbatim minutieux des questions-réponses, parce qu’il juge que ses propos sont trop souvent déformés ou sortis de leur contexte par la presse kinoise.

                    Dans la transcription du point de presse de ce mercredi, on trouve ces deux questions, avec les réponses du porte-parole civil de la Monuc, puis du porte-parole militaire :

Patrick Mpezo (RTGA TV): J’ai appris ce matin par une radio étrangère que le président Kabila aurait annulé un meeting qu’il devait tenir à Saké parce que les tirs auraient été entendus dans la périphérie de Saké, et puis la même radio a informé que trois des militaires de la Garde Républicaine seraient morts aujourd’hui, je crois, ou hier. Est-ce que la MONUC peut confirmer cette information ?

SV : Non, la MONUC ne peut pas confirmer cette information rapportée par la presse, et je suggère que vous vous adressiez à vos autorités pour demander des détails sur cette question. Merci… Une autre question ?

Une journaliste (qui ne s’est pas identifiée) : Nous avons appris ce matin sur RFI que deux ou trois gardes du corps du président Kabila ont été tués, entre le chemin vers Sake. Est-ce que la MONUC a l’information là-dessus ?

Lt Colonel Dietrich : Ce qu’on peut dire de notre côté militaire est qu’effectivement depuis Sake, les FARDC ont tiré des roquettes sur Kiroshe. Je crois que c’est à cause de cela, à cause de cette opération militaire que le Président a du retourner à Goma.

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Merci de votre courrier, et de votre attention.

Loïc Hervouet, médiateur