24 sept. 2008 - 16:20
Voici l'exemple d'une des "notes au matin" adressées par le médiateur aux présentateurs de journaux, sur la suggestion de l'un d'entre eux. Elle porte sur l'objectivité de l'information.
Analyse subtile d’un universitaire norvégien auditeur de RFI :
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MESSAGE
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Madame, Monsieur
J'apprécie beaucoup les émissions de RFI qui au contraire des radios "métropolitaines" est très ouverte à l'actualité internationale. Néanmoins j'aimerais exprimer ici un vif reproche. Que les opinions politiques de la rédaction transparaissent dans les débats me semble inévitable et somme toute naturelle, mais une radio qui se veut internationale se doit, si elle aspire à être crédible, s'en tenir au faits dans son journal.
J’espère que la rédaction appréciera ici la critique constructive d’un fidèle auditeur. Respectueusement.
Dr. Jean-Luc Boulland (PhD)
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Aussi courtoisement exprimée, une telle critique ne pouvait rester sans réponse, mais comme souvent pour des reproches d’ordre général, le médiateur se sentait un peu démuni faute d’exemple concret. A sa demande, notre interlocuteur en fournit un :
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Pour vous donner un exemple, voici ce que les ondes de RFI ont diffusée hier au journal de la mi-journée: "Le président X s'est rendu dans la ville Y en évitant soigneusement le quartier chaud de Z".
L'information que contient cette phrase est bien que le président X se rend a Y et qu’il ne va pas au quartier chaud Z. L'opinion politique de la rédaction transforme l’information pour y rajouter un élément dérangeant "évite soigneusement d'aller". On nous laisse entendre très clairement que voulant éviter tout problème ou peut être même par peur ou lâcheté, il fait le choix délibéré de ne pas allé dans le quartier chaud. Cela pourrait se comprendre s’il s’agissait d’une citation. Par exemple ”Mr W affirme que le président X évite soigneusement de se rendre dans le quartier Y”, mais ce n’était pas le cas dans cet exemple.
Je vous remercie d’avoir pris ma plainte au sérieux.
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Commentaire du médiateur :
Un des maîtres du journalisme français disait aux jeunes stagiaires, voici quelques décennies : « Jamais d’adverbes ! Et pour les adjectifs, vous me demanderez… » Il n’y a pas de doute que l’introduction abusive d’adverbes ou d’adjectifs qualifiant une situation ou une action peut conduire à trahir un jugement de valeur sur l’information donnée. Ce n’est pas, en effet, dans un journal d’informations, la fonction du journaliste. Et c’est la façon la plus fréquente de confondre, au mépris des règles professionnelles applicables, l’information et le commentaire.
Loïc Hervouet