Annexe 2: Médiation, violence, Kenya et dialogue

Voici l’intégrale des échanges avec un auditeur, assez mal engagés sur une question difficile, mais que le médiateur considère comme assez exemplaire par le respect non dénué d’humour que se portent les interlocuteurs, et par la participation des journalistes concernés.

On consultera aussi, pour l’équilibre, la chronique d’une médiation ratée, insérée sur le blog en date du 5 février :

05 février 2008 Transparence et exagérations: un ratage de médiation

 

De: Philippe Zloczewski

Date: ven. 01/02/2008 11:48 À: Médiateur

Objet : de/from Dr Philippe ZLOCZEWSKI

Monsieur le Médiateur,

Je suis véritablement choqué ce jour, nous sommes le 1er Février 2008, après avoir entendu le reporter de RFI à Nairobi faire l'interview d'un jeune kenyan fier de tirer des flèches empoisonnées avec son arc sur ses voisins "parce qu'ils ont voté Kibaki ! Je ne souhaite pas juger le geste par rapport aux raisons quelles qu'elles soient. Mais ce même jeune homme est fier d'annoncer qu'il a déjà tué ainsi. On justifie et donc on minimise l'acte de tuer. Belle image pour les gamins qui vous écoutent.

C'est irresponsable, Monsieur Hervouet. Ce n'est plus de l'info, c'est ...autre chose... Est-ce normal que votre collègue donne ainsi la parole à un criminel qui de plus justifie son geste ?

J'ai une activité de Santé publique au Kenya. Je suis Français et encore choqué d'avoir pu entendre et voir des journalistes se faire l'écho des agissements répréhensifs de l'Arche de Zoé. Ils ne savaient pas, serez-vous tenté de me répondre... Eh bien si, ils savaient. Les faux pansements pour maquiller leur méfait ont été filmés et relatés par vos confrères.

Votre rôle est d'informer et non de mettre en valeur ce genre d'agissements et permettre à un assassin de se justifier. Etes-vous prêt à aller interviewer un homme qui serait l'auteur d'un crime après avoir tiré de sa terrasse sur des jeunes un peu bruyants ? Et lui permettre de justifier son acte ? Ces agissements ne grandissent pas votre rôle en pareil cas. C'est inqualifiable.

Je ne m'attends certes pas à une réponse. On préfère tourner la page et n'avoir pas à prêter le flanc à des retours de réponses.... Le courage commence là. Je n'attends pas de réponse car j'ai pu déjà écrire à votre rédaction, et j'attends depuis quelques mois une réponse qui n'arrivera sans doute pas. C'était au sujet du Dr Albert SCHWEITZER, dans un reportage réalisé à Lambarene, bien entendu par le reporter RFI gérant cette région. Il a "osé" parler du"Prix Nobel d'origine allemande"... Quelle culture à RFI ! Ce pauvre Schweitzer, mon illustre Confrère était tout simplement alsacien ! Et Prix Nobel FRANCAIS. Je vais dorénavant me méfier, car avec mon patronyme, je vous le concède, pas facile à prononcer, je vais être taxé de Polonais ou d'Ukrainien par vos collègues. Nul danger. Je ne souhaite pas témoigner du travail que je fais dans l'ombre. Et puis, je ne suis pas Prix Nobel…

Monsieur Hervouet, Kenavo ! --

Philippe ZLOCZEWSKI Docteur en Biologie médicale Docteur en Pharmacie Expert en Santé publique & en Sciences sociales Nairobi KENYA

Merci de bien vouloir m'accuser réception de cet envoi

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Le 01/02/08, Loic HERVOUET a écrit :

Bonjour,

J'accuse réception de votre message, et compte bien à la fois y faire écho et y répondre. Pouvez-vous à cet égard me préciser l'heure TU du journal où vous avez entendu cette interview, que je n'ai pas suivie: cela me permettra de l'écouter.

Ensuite, êtes-vous d'accord pour que je répercute votre réaction sur mon blog, avec ou sans votre nom ou l'utilisation d'un pseudonyme? Merci de votre réponse.

Loïc Hervouet, médiateur

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De: Philippe Zloczewski Date: ven. 01/02/2008 13:52 À: Loic HERVOUET

Objet : Re: RE : de/from Dr Philippe ZLOCZEWSKI

Tout d'abord merci pour votre réponse aussi prompte. Pour l'heure du journal, il s'agit de celui de RFI Afrique de 10:00 T.U. Ensuite, vous pouvez reproduire mon message sur votre blog. Dont la partie consacrée au Dr Albert Schweitzer. J'y tiens beaucoup. Merci. Je ne souhaite cacher ni mon nom, ni ma profession.

Enfin, que votre confrère sache que je ne souhaite pas la polémique, mais qu'il serait le bienvenu s'il souhaitait entrer en contact avec moi. Merci encore pour votre message. J'ai vécu dans les Côtes d'Armor avant de venir au Kenya. Et votre nom sent bon tout ce qui me manque de la Bretagne. Bien à vous.

Dr Philippe ZLOCZEWSKI

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Le 02/02/08, Loic HERVOUET a écrit :

Bonsoir et merci, Je traite cela dès que possible.

Bloavez mad! (Ndlr : « bonne année » en breton)

Loïc Hervouet

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De : Philippe Zloczewski Envoyé : samedi 2 février 2008 19:17 À : Loic HERVOUET

Objet : Re: RE : RE : de/from Dr Philippe ZLOCZEWSKI

Merci à vous, et bon week end. pz

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Je souhaitais également vous adresser mes meilleurs voeux (il n'est jamais trop tard...), mais je ne retrouvais plus la "carte" que j'ai envoyé à pas mal d'amis. Je viens de la retrouver.(pièce jointe).

Bloavez Mad ! Merci beaucoup> A bientot>

Philippe Zloczewski

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Le 07/02/08, Loic HERVOUET a écrit :

Bonjour, J'ai enfin pu lire l'extrait du journal en question, que je vous mets en pièce jointe. Je vous répondrai sur le fond, avec l'aides des intéressés, le présentateur du journal Sébastien Jedor (sebastien.jedor@rfi.fr), voire le reporter de terrain Raphael Reynes (raphael.reynes@rfi.fr) Je prends contact avec eux pour répercuter votre réaction, et leur dire votre souhait de dialogue.

Par ailleurs, j'ai déjà adressé une note à tous les présentateurs des journaux de RFI sur le « cas » Schweitzer, en soulignant que si j'étais en effet Breton par mon père, j'étais aussi Alsacien par ma mère !!! A bientôt.

Loïc Hervouet, médiateur

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De: Loic HERVOUET Date: jeu. 07/02/2008 12:54 À: Sébastien JEDOR; Raphael REYNES

Objet : Reportage "archer" kenyan

Chers confrères,

Je vous prie de trouver ci-joint une note résumant des échanges avec un auditeur du Kenya. Je compte publier ma réponse d'ici la fin de la semaine sur mon blog. Merci d'éventuels éléments.

Loïc Hervouet, médiateur

PS - Pour ne rien vous cacher, j'ai trouvé ce reportage excellent, même s'il est dur, très dur.

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De: Sebastien JEDOR Date: jeu. 07/02/2008 19 :02 À: Loïc Hervouet

Objet : Reportage "archer" kenyan

Bonjour ! En tant présentateur, je ne me permettrai pas de parler au nom de l'auteur du sujet, mais je dois souligner que ce reportage est l'un des meilleurs de ces derniers mois, de mon point de vue. Il avait déjà été diffusé à 5h30 TU et j'ai demandé à ce qu'il soit "reprogrammé" dans un de mes journaux.

Sur RFI, nous n'avons jamais caché que les facteurs soit disant "ethniques" de cette crise étaient en fait manipulés par des politiciens sans scrupule qui profitent d'une situation de pauvreté et de désespoir extrèmes. La personne interviewée par Raphaël en est un terrible exemple. C'est la réalité que ce reportage décrit qui fait froid dans le dos.

Encore une fois, il ne faut pas s'en prendre au "messager" - le reporter - mais à ceux qui font qu'un jour, un homme, dans le plus grand bidonville du monde, bande son arc. Bien à vous,

Sébastien JEDOR RFI - Afrique Matin 5h30 - 7h30 - 10h TH

PS 1 : Je n'envoie pas ce message à l'auditeur, je vous laisse le soin de répondre sur votre blog.

PS 2 : Pour Albert Schweitzer, il faudrait le signaler à la personne qui a dit ça à l'antenne et à celui / celle qui est à la relecture.

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De: Raphaël REYNES Date: jeu. 07/02/2008 19 :14 À: Loïc Hervouet

Objet : Reportage "archer" kenyan

Loïc,

J'ai été, comme notre auditeur, choqué par les propos que tient ce jeune "archer". C'est justement pour cela que j'ai jugé utile de les diffuser. Ils m'ont semblé démontrer la tension qui pouvait régner à Kibera, à ce moment là de la crise. Sont-ils de nature à inciter les "gamins" à en faire de même ? Je ne le pense pas, mais je suis prêt à en discuter dès mon retour. Par ailleurs, je précise que je dis bien, dans le reportage, que ce jeune homme "affirme avoir déjà touché sa cible".

Je crois avoir mis en avant son "discours" plutôt que ses faits. Enfin, j'ai croisé des habitants du même quartier tenant des propos bien plus agressifs, appelant à encore bien plus de haine. C'est un fait et je tente de les restranscrire. Des flêches ont effectivement été tirées et des coups de machettes (parfois mortels) assénés. Ce portrait d'un "combattant" me parait, encore aujourd'hui, de nature à faire comprendre la violence qui a régné à Kibera et dans d'autres zones du Kenya.

Amicalement, Raphaël Reynes

Ps: je serai ravi de répondre à notre auditeur dès que je serai de retour.

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Analyse et réponse insérés le 7 février sur le blog:

07 février 2008

KENYA: appel aux meurtres sur RFI?

Un auditeur de Nairobi a particulièrement réagi à la diffusion du journal de vendredi dernier 1er février 10h TU sur le témoignage de « l’archer » Oscar, un jeune enregistré en pleine crise de violence, arc et flèches empoisonnées à la main, à l’égard de ses voisins même :

Monsieur le Médiateur,

Je suis véritablement choqué ce jour, nous sommes le 1er Février 2008, après avoir entendu le reporter de RFI à Nairobi faire l'interview d'un jeune Kenyan fier de tirer des flèches empoisonnées avec son arc sur ses voisins « parce qu'ils ont voté Kibaki ! » Je ne souhaite pas juger le geste par rapport aux raisons, quelles qu'elles soient. Mais ce même jeune homme est fier d'annoncer qu'il a déjà tué ainsi. On justifie et donc on minimise l'acte de tuer. Belle image pour les gamins qui vous écoutent. C'est irresponsable, Monsieur Hervouet. Ce n'est plus de l'info, c'est ...autre chose... Est-ce normal que votre collègue donne ainsi la parole à un criminel qui de plus justifie son geste ? J'ai une activité de santé publique au Kenya.

Je suis Français et encore choqué d'avoir pu entendre et voir des journalistes se faire l'écho des agissements répréhensifs de l'Arche de Zoé. Ils ne savaient pas, serez-vous tenté de me répondre... Eh bien si, ils savaient. Les faux pansements pour maquiller leur méfait ont été filmés et relatés par vos confrères. Votre rôle est d'informer et non de mettre en valeur ce genre d'agissements et permettre à un assassin de se justifier. Etes-vous prêt à aller interviewer un homme qui serait l'auteur d'un crime après avoir tiré de sa terrasse sur des jeunes un peu bruyants? Et lui permettre de justifier son acte ? Ces agissements ne grandissent pas votre rôle en pareil cas. C'est inqualifiable."

C’est signé, et l’intéressé, sur demande du médiateur, accepte la publication sous son nom et avec ses qualités : Philippe ZLOCZEWSKI, docteur en Biologie médicale, docteur en Pharmacie, expert en Santé publique.

Le dialogue avec lui s’est ensuite développé de façon courtoise et ferme à la fois, sur d’autres sujets. On y reviendra. S’agissant du Kenya, il ajoutait : « Enfin, que votre confrère sache que je ne souhaite pas la polémique, mais qu'il serait le bienvenu s'il souhaitait entrer en contact avec moi.»

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En totale transparence donc, le médiateur a transmis à Raphaël Reynes, auteur du reportage, et à Sébastien Jedor, présentateur du journal « Afrique » de ce vendredi 1er février 10 heures TU, la teneur de cette réaction. Voici leurs commentaires.

Du Kenya, d’abord (priorité au terrain), l’auteur du reportage, Raphaël Reynes, écrit: « J'ai été, comme notre auditeur, choqué par les propos que tient ce jeune "archer". C'est justement pour cela que j'ai jugé utile de les diffuser. Ils m'ont semblé démontrer la tension qui pouvait régner à Kibera, à ce moment-là de la crise. Sont-ils de nature à inciter les "gamins" à en faire de même ? Je ne le pense pas, mais je suis prêt à en discuter dès mon retour. « Par ailleurs, je précise que je dis bien, dans le reportage, que ce jeune homme "affirme avoir déjà touché sa cible". Je crois avoir mis en avant son "discours" plutôt que ses faits. « Enfin, j'ai croisé des habitants du même quartier tenant des propos bien plus agressifs, appelant à encore bien plus de haine. C'est un fait, et je tente de le retranscrire. Des flèches ont effectivement été tirées et des coups de machettes (parfois mortels) assénés. Ce portrait d'un "combattant" me paraît, encore aujourd'hui, de nature à faire comprendre la violence qui a régné à Kibera et dans d'autres zones du Kenya. » Raphaël conclut : « Je serai ravi de répondre à notre auditeur dès que je serai de retour. »

De son côté, Sébastien Jedor, présentateur du journal, réagit spontanément : « En tant que présentateur, je ne me permettrai pas de parler au nom de l'auteur du sujet, mais je dois souligner que ce reportage est l'un des meilleurs de ces derniers mois, de mon point de vue. Il avait déjà été diffusé à 5h30 TU et j'ai demandé à ce qu'il soit "reprogrammé" dans un de mes journaux. » « Sur RFI, nous n'avons jamais caché que les facteurs soi-disant "ethniques" de cette crise étaient en fait manipulés par des politiciens sans scrupules qui profitent d'une situation de pauvreté et de désespoir extrêmes. La personne interviewée par Raphaël en est un terrible exemple. C'est la réalité que ce reportage décrit, qui fait froid dans le dos. Encore une fois, il ne faut pas s'en prendre au "messager" - le reporter - mais à ceux qui font qu'un jour, un homme, dans le plus grand bidonville du monde, bande son arc. »

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Voici le sentiment et les explications des praticiens. Qu’en pense le médiateur ? Comme journaliste, il doit d’abord avouer qu’une réécoute attentive du sujet l’a conforté dans l’idée qu’il s’agit en effet d’un reportage remarquable, dont on imagine les conditions extrêmement difficiles de réalisation, mais qui est saisissant de vérité tragique, illustration parfaite (si l’on ose dire) d’une logique de haine instrumentalisée.

Fallait-il le diffuser ? C’est comme souvent la question de l’horreur et de son illustration qui est posée là. Souvenez-vous des attentats du 11 septembre 2001 à New-York. La presse américaine se refusa, par respect, à montrer les cadavres au pied de la tour (au passage, signalons qu’elle n’a pas le même respect pour les victimes irakiennes des différents attentats à Bagdad). D’autres journaux dans le monde illustrèrent les sauts dans le vide des occupants des tours de Manhattan, parfois en allant jusqu’à souligner, dans des ronds, ou avec des flèches, les images des corps minuscules tombant le long des parois.

Alors, faut-il « aseptiser » la réalité, la « civiliser » (civiliser l’horreur ?) ou l’illustrer, et la montrer, crûment. Se rappelle-t-on l’impact décisif, pour la fin de la guerre au Vietnam, de l’image de cette petite fille carbonisée au napalm ?

En tant que médiateur, je dirai que quelques questions peuvent permettre de prendre la moins mauvaise décision :

- la publication est-elle un reflet globalement juste de la réalité, ou simplement « une image d’exception » ? du voyeurisme visuel ou sonore ?

- la publication est-elle faite « pour des raisons d’audience maximale », voire pour « donner raison à un camp » ?

En l’occurrence, il me semble que ce reportage a été diffusé sans complaisance, sans voyeurisme, sans mise en scène de nature commerciale, comme une contribution informative reflétant l’horreur de la réalité hélas observée.

Fallait-il « donner la parole à Oscar » ? Je crois qu’il y a une erreur d’audition que j’ai moi-même commise à la première écoute : on a le sentiment, saisi par l’horreur, que le micro de Raphaël Reynes interroge l’archer sur les justifications qu’il pourrait présenter de ses actes (comme s’il pouvait y en avoir !) En réalité, le discours de l’intéressé est public, du type des harangueurs de foule de Trafalgar square, mais en plus violent et furtif. Sur la fin seulement, il semble parler dans un aparté plus vraisemblablement destiné à un petit groupe autour du journaliste.

L’enregistrement et la diffusion de ce discours ne relèvent pas d’un « temps de parole » donné à une opinion qui serait recevable comme toute autre. C’est la publication toute nue d’une illustration de la haine déchaînée. Enfin, aucune décision de publication d’un tel témoignage sonore ne peut être prise sans une réflexion sur le public : assez adulte pour relativiser, analyser, réfléchir ? C’est le pari qui a été pris, qui peut se discuter, être apprécié différemment, mais qui me semble justifié dans le cas de RFI : nous ne nous adressons pas à des enfants ou des ados dans une station musicale, mais à des citoyens intéressés par l’information.

Alors oui, sur un point, je pourrais peut-être vous donner (un peu) raison. Compte tenu de l’horreur des propos, un avertissement plus net et plus explicite sur le lancement du reportage, sur « les horreurs qui vont suivre », du type de ceux qu’on entend à la TV pour les personnes sensibles : « Eloignez les enfants de ces images choquantes », peut-être cet avertissement aurait-il été de nature à souligner l’exceptionnel réalisme de ce reportage, et à éviter toute méprise sur les intentions de cette diffusion. On ne peut faire le reproche au présentateur d’avoir pensé que cela allait de soi.

C’est la même chose pour l’arche de Zoé, à laquelle Philippe Zloczewski faisait brièvement allusion : les journalistes ont finalement montré et démontré, que quelques soient leurs intentions profondes, et sûrement à des degrés divers, les protagonistes de cette lamentable affaire étaient fourvoyés dans des comportements délictueux, irrespectueux, sans issue. Ce faisant, les journalistes prenaient d’ailleurs des risques de témoigner à charge. Mais était-ce injustifié ? Fallait-il occulter la réalité? Faut-il mettre la caméra dans le sable pour ne pas montrer les errements d’humanitaires dévoyés ou inconscients, afin d’éviter de donner de mauvaises idées à des esprits faibles ? Ou faut-il illustrer les déviations, afin de favoriser la prise de conscience qui évitera leur répétition ?

En faisant confiance à la capacité de jugement du public, le plus souvent, RFI a le sentiment de contribuer à la fois à son information au plus près possible du réel, et à sa liberté de jugement.

Loïc Hervouet, médiateur

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De: Loïc HERVOUET Date: jeu. 07/02/2008 22 :45 À: Sébastien Jedor, Raphaël Reynes Objet : Reportage "archer" kenyan

Bonsoir,

En pièce jointe, la synthèse de cette interpellation sur le Kenya publiée sur mon blog. Merci de votre concours.

Loïc Hervouet

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De: Loïc HERVOUET Date: jeu. 07/02/2008 22 :49 À: Philippe Zloczewski

Objet : Reportage "archer" kenyan

Bonsoir,

Les éléments de réponse sont sur mon blog. Je traiterai Schweitzer à part demain sans doute. Merci de votre contribution. Loïc Hervouet

PS – La réponse sur Schweitzer sera insérée sur le blog le 10 février

10 février 2008

Albert Schweitzer, Alsacien!!!

Dans le même courrier marquant son émotion sur la « dureté » d’un reportage sur la violence au Kenya (voir sur ce blog en date du 7 février), Philippe Zloczewski, auditeur de Nairobi, rappelait un précédent message pour une erreur qu’il l’avait horrifié : (Lire la suite sur le blog)

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De: Philippe Zloczewski Date: lun. 25/02/2008 19:09 À: Loic HERVOUET

Cher Monsieur,

Je n'ai pris connaissance du contenu de votre réponse sur votre blog que ce week-end, ayant été absent de Nairobi. Au Burundi, où j'ai dû me rendre, il est toujours très difficile de trouver un réseau Internet, surtout en dehors de Bujumbura.

Un grand merci pour votre très longue réponse (vous m'avez gâté !) qui m'aura convaincu. Vos interventions respectives (à tous les 3) m'ont donné matière à mieux comprendre. J'ai pu relire parallèlement mes écrits, et j'avoue que j'y suis allé "un peu fort".

Pardonnez donc mes excès qui restent toutefois bien en deçà de ceux formulés ce samedi par notre Président (je veux parler du Président Français...) !!... J'ai beaucoup apprécié votre humour et espère avoir un jour la chance de vous rencontrer. Je dis toujours que la Terre est ronde, et qu'elle tourne (pas toujours "très rond d'ailleurs...). Donc un peu de patience. Gardons le contact si vous le voulez bien. J'ai vraiment eu grand plaisir à échanger avec vous ces quelques lignes.

Question: Vincent serait-il votre frère ? En tout cas, il a belle allure et a énormément de personnalité et de présence. Et de l'humour, ce qui me fait penser qu'une filiation ne serait pas impossible !... Vous faites votre métier avec un grand sérieux et j'imagine avec plaisir. Cela se ressent. Recevez mes très sincères et amicales salutations. Kenavo.

Philippe Z.

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De: Loïc HERVOUET Date: lun. 25/02/2008 21:09 À: Philippe ZLOCZEWSKI

Bonsoir,

C'est vraiment beaucoup de compliments, mais j'espère que vous accepterez de les partager. Pour inspirer et conduire le dialogue et la réflexion, il faut être deux (au moins). En l'occurrence, nos deux confrères m'ont également bien aidé à réfléchir. Une réaction spontanée est souvent un peu excessive, ce n'est pas anormal, tant qu'elle n'est pas grossière ou injurieuse.... :-)

Ceci posé, le problème que vous posiez vous est bien réel, récurrent, et fait partie des questions que nous nous posons sans cesse sur notre métier. Vincent n'est pas de ma famille directe, mais je le connais en effet: c'est son père qui a fait accoucher ma mère, à Nantes, et je l'ai eu comme élève au CFJ à Paris pendant quelques années. Je le prends pour l'un des tout meilleurs spécialistes de politique étrangère en France. Avec cela cultivé, modeste et bosseur. Ne lui répétons pas, il serait gêné. Au plaisir en effet pourquoi pas? Bien cordialement

Loïc Hervouet

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Epilogue du dialogue

De: Philippe Zloczewski Date: mer. 05/03/2008 19:37

À: Raphaël REYNES Cc : Loïc HERVOUET

Objet : A propos du grand reportage du 4/03 Kenya

Cher Monsieur,

Rappelez-vous...Je n'avais pas été tout à fait d'accord avec votre reportage à Kibera et le passage réservé à l'archer... Depuis, Loïc HERVOUET m'a permis de mieux comprendre ce moment de radio. Ce soir, je tiens en revanche à vous féliciter d'emblée car ce Grand Reportage (diffusé le 04/03) que je viens d'écouter car enregistré sur le Net est un Grand reportage. Je suis conquis. Clair, précis, vivant, malgré cette ambiance de mort qui flotte tout au long de ce remarquable travail que je vais conserver comme pièce d'archive. Vous faites un superbe métier. Lorsque vous dépassez les limites du récit, c'est toujours difficile mais là, vous êtes au-delà de ce que j'aime en radio.

Merci pour ce moment d'histoire que vous avez su mettre en ondes avec brio. (et vos collaborateurs !)

Très cordialement. --

Philippe ZLOCZEWSKI