Déontologie et confiance

Les journalistes, et leurs responsables hiérarchiques ont beaucoup progressé en lucidité, ces dernières années. La crise de confiance entre la presse et le public s'est aggravée, et c'est, pour partie, la manière dont les journalistes exercent leur métier qui en est la cause. La profession désormais le reconnaît, et semble prête à se doter de nouveaux outils: une charte de déontologie annexée à la Convention collective des journalistes, et des chartes particulières à chaque entreprise. Comme l'a fait RFI, il y a maintenant dix ans.

 

Pendant deux mois se sont réunis à Paris des Etats généraux de la presse écrite, à l'initiative du président de la République. Le 8 janvier 2009, les quatre groupes de travail, qui ont réuni quelques 150 personnes chaque semaine, remettaient 90 propositions à la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel. Parmi celles-ci, "annexer une charte déontologique à la Convention collective des journalistes" et "mettre en place des chartes rédactionnelles accessibles au public dans chaque publication". Parallèlement, des associations de journalistes menaient une réflexion similaire, et, le 20 janvier, les Assises du journalisme, qui regroupent journalistes, éditeurs et citoyens, ont avancé 14 propositions, dont l'inscription dans la Convention collective, d'un "texte déontologique unique et fédérateur", la création d'une "instance nationale compétente en matière d'éthique et de déontologie", et la définition d'un "statut des médiateurs de presse". Le 23 janvier, le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, livrait ses propres réflexions sur le travail des Etats généraux de la presse et celui des associations. Et se disait favorable à une charte de déontologie valable pour tous les journalistes, et des chartes éditoriales dans chaque publication.

Il existe aujourd'hui deux textes principaux de référence pour les journalistes, en matière d'éthique professionnelle : la "déclaration des devoirs professionnels du journaliste" de 1918, remaniée en 1938 et élaborée par le Syndicat national des journalistes, et "la charte des devoirs et des droits des journalistes" rédigée à Münich en novembre 1971, par les syndicats de journalistes européens et adoptée par la suite par les organisations internationales de journalistes. Il est temps de revoir et enrichir ces textes, à la lumière notamment des nouvelles exigences citoyennes et de la révolution technologique.

Plusieurs rédactions ont déjà leur charte, dans la presse quotidienne et magazine, nationale et régionale, et dans l'audiovisuel, comme à France Télévisions et à RFI. Il s'agit de règles communes qui permettent aux journalistes et à leur hiérarchie d'exercer leur métier en toute liberté, mais aussi en toute responsabilité, et au public de demander des comptes. Pour les médiateurs de presse, ces textes sont des références, sur lesquels ils peuvent s'appuyer pour donner leur avis, quand on les interpelle.

Pour que la presse écrite ou audiovisuelle retrouve la confiance du public, les médiateurs ont d'ailleurs un rôle important à jouer. Très répandue sur le continent américain et dans le monde anglosaxon depuis la fin des années 60, la médiation est arrivée en France en 1994, au quotidien Le Monde, et en 1998 dans l'audiovisuel public (dont RFI), encouragé par la ministre de la Culture de l'époque, Catherine Trautmann. Aujourd'hui, il n'existe qu'une quinzaine de médiateurs en France... C'est peu. Il revient désormais à la profession, aux partenaires sociaux et au public de poursuivre le travail.

Dominique Burg

1 Comments

Fidèle auditeur de RFI, syndicaliste et enseignant aujourd'hui à la retraite, je me permets d'adresser à tous les journalistes mon soutien total. Il y a toujours une voie que les patrons peuvent prendre en ces jours de crises pour éviter les pertes d'emploi. Du courage et battez-vous mes frères.

Je souhaiterais qu'en plus de la musique, en plus de Mamane le Gondwanais, vous nous passiez des bandes humoristiques plus souvent. J'aime bien rire de temps en temps.

Salut.