Droit à l'information

 

Le premier devoir du journaliste est d’aller sur le terrain. Voir, entendre, comprendre, rendre compte, c’est l’essence même du journalisme.
Certes les moyens ne manquent pas aujourd’hui pour collecter autrement, et aisément, de l’information : les agences de presse, les medias concurrents, les dossiers et conférences de presse, les réseaux sociaux. Certes, il peut être plus facile de collecter cette information par téléphone ou échange de courriel : c’est même parfois la seule façon de procéder ! Mais rien ne remplace d’aller sur le terrain. Car cela permet de mieux appréhender la réalité des situations, de mieux sentir, comprendre les enjeux, rencontrer les acteurs, capter l’ambiance voire l’épaisseur d’un drame.
Ce « devoir » du journaliste est le pendant du « droit » à l’information que réclament les citoyens de tous pays : c’est même l’un des fondements de la démocratie. Le citoyen veut savoir. Il demande de la transparence, afin de se forger une meilleure opinion. Malheureusement, ce droit est régulièrement battu en brèche et les organisations de défense des journalistes ne cessent de dénoncer ces manquements : assassinats d’enquêteurs sur les trafics de drogue, captures de reporters de guerre, menaces contre ceux qui mènent des investigations poussées dans le domaine des circuits financiers, des atteintes à l’environnement, pour ne citer que les plus emblématiques. Mais aussi tous les petits tracas que peut subir le journaliste dans sa pratique du métier au quotidien : les portes qui se ferment, les interventions « venues d’en-haut », les refus de répondre, les pseudo-règles administratives. A vrai dire, c’est une tendance naturelle pour toute personne détenant une information, et singulièrement dans les classes dirigeantes, de ne pas la partager en vertu du principe que celui qui détient l’information détient le pouvoir. Or, dans le cadre d’une démocratie, c’est inadmissible, parce que c’est au peuple qu’appartient le pouvoir ; parce qu’il n’y a pas de gouvernement légitime sans le consentement des gouvernés et que sans information, il n’y a pas de liberté ni de consentement éclairé. Il n’est donc pas tolérable d’accuser ou de poursuivre un journaliste pour avoir simplement exercé son métier de « mise au jour » de ce qui est caché, ou n’est pas connu. Rien ne le justifie, dès lors que le journaliste a estimé, après réflexion et vérification, en son âme et conscience, que l’information recueillie pouvait être diffusée.
Des journalistes de Rfi, statutaires ou correspondants, sont régulièrement victimes de ce genre de procès : on se souvient du correspondant de France Inter et Rfi  au Proche-Orient Christian CHESNOT, enlevé au cours d’un reportage et détenu 124 jours en Irak en 2004. Accusé d’espionnage. Ou encore de notre correspondant au Niger, Moussa KAKA, emprisonné en 2008 pour ses liens supposés avec la rébellion touareg. Accusé d’atteinte à l’autorité de l’Etat. Aujourd’hui, c’est le correspondant de RFI en Swahili au Burundi, Hassan RUVAKOKI, d’être poursuivi pour avoir rencontré un nouveau groupe de rebelles burundais en Tanzanie voisine. Accusé de participation à des actes terroristes.  Emprisonné depuis novembre 2011 et condamné à la prison à vie au mois de juin, son procès en appel devrait intervenir dans quelques jours. Pour le respect du droit à l’information, ce procès ne peut avoir qu’une issue : la liberté pour le journaliste.

1 Comments

Votre article sur la descente sur terrain est correcte.Les journalistes encourent de grands dangres en descendant sur terrain.Dans la region des grands lacs ,il y a des autorisations que vous devez avoir au prealables.Mais il faudrait que vous soyez aussi connu par les autorites de ce pays en faisant un reportage possitif pour ne pas se voir les portes fermees a l'avenir.

il y a des verites que vous devez savoir dire a un moment precis de l'exercice de votre metier pour questions d'ethiques journalistiques:avant,pendant ou apres l'evenement.

La critique est aisee mais l'art est difficile.en ce domaine,le journaliste n'a que sa conscience mais les conseils ne peuvent pas manquer car le code d'ethique et deontologique de ce metier ne suffissent quelquefois pas.

J'aime les styles des agences de presse sur les 4 rubriques:dossiers,mini dossiers,opinions et chroniques.
le journaliste devrait savoir se saisir de ceux-ci pour mieux faire faaire son travail et non seulement en cherchsnt a aller au fonds du dossier une bonne fois pour toutes.

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