Archives de août 2008

Presse et République

                    "Notre République et sa presse graviront ensemble les sommets ou bien elles iront ensemble à leur perte. Une presse compétente, désintéressée, peut protéger cette morale collective de la vertu, sans laquelle un gouvernement populaire n’est qu’une escroquerie et une mascarade."


                    Joseph Pulitzer (1847-1911), journaliste américain, fondateur du New York World et du prix éponyme, décerné chaque année depuis 1917

Le pessimisme de DSK et l'optimisme de Fillon

                    Cette réaction de Lionel Jean, auditeur de la côte Est des Etats-Unis, est déjà ancienne, à propos d’un titre de RFI. Mais l’autorisation de la publier n’est parvenue que récemment. Voici donc ce dialogue autour d’une « manipulation » potentielle sur les rapports entre Dominique Strauss-Kahn et François Fillon.

                   « Je pense que c'est une manipulation d'opinion extrêmement grave et foncièrement malhonnête de titrer l'article" le pessimisme de DSK et l’optimisme de Fillon". C'est une façon de substituer le rapport officiel d'une institution internationale comme le FMI à l'opinion de DSK. Sous entendu : les prévisions du FMI sont celles du parti socialiste. »

                    Voici comment Lionel Jean avait interpellé le médiateur, qui lui fit cette première réponse :

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Cher auditeur,

Votre message m’a été transmis, et je vous en remercie. Si vous m’y autorisez, je le publierai sur mon blog, avec ma réponse, car il est d’intérêt général, même si je pense qu’il n’est pas entièrement fondé.

Un métier comme un autre?

                    « Le journalisme est devenu un métier comme un autre, c’est beaucoup moins qu’avant un engagement. Dans les années 70, beaucoup de journalistes que j’ai connus vivaient leur pratique comme une forme d’engagement citoyen. Aujourd’hui, beaucoup sont journalistes comme ils exerceraient n’importe quel autre métier. De ce point de vue, la télévision a certainement joué un rôle déterminant, car elle nécessite une certaine forme de savoir-faire technique, notamment en matière de présentation de soi. Une redistribution complète des qualités s’est opérée. Mais il reste une différence énorme entre un journaliste de plateau qui se contente d’attiser le conflit entre deux invités pour produire du spectacle, et un autre qui a lu des livres, et se pose la question de savoir comment restituer de manière profonde et ouverte un vrai contenu intellectuel. »

          Pierre Rosanvallon, historien, professeur au Collège de France, président de « La République des idées », interview à Mediapart.fr

Anonymat et honnêteté

                    «  L’anonymat m’est nécessaire, car je suis sensible aux rapports humains. Et pour moi, l’amitié paralyse le jugement. Si je rencontre un chef, cela devient plus difficile d’écrire sur son restaurant. ( …) Il m’est impossible d’écrire honnêtement sur un chef que je connais. »

                François Simon, critique gastronomique pour Le Figaro, France Inter et Paris Première

Trop tôt ou trop tard?

                    « Le progrès technique facilite les dérapages, mais ceux-ci sont en réalité provoqués par une mauvaise maîtrise de la concurrence. Pour tout événement qui mérite vérification, recoupement, complément d’enquête, analyse ou réflexion, c’est à dire pour beaucoup des faits qui composent l’actualité, rien n’empêche de prendre le temps nécessaire, de ralentir le processus de diffusion ou de fabrication. Rien, sauf la concurrence, la peur de voir l’autre publier ou diffuser plus vite. L’exactitude, la clarté, la pertinence, ne sont certes pas absentes des préoccupations éditoriales, mais il est beaucoup plus fréquent de voir une rédaction se désoler d’avoir été grillée par sa rivale, que s’affliger d’une inexactitude, d’une approximation, d’une conclusion hâtive. Mieux vaut l’à-peu-près que le trop tard ! »

                   

                    Albert du Roy, journaliste, in La mort de l’information, Stock, 2007